17 mars 2014
Lucie Gournay et Lionel Dufaye (IMAGER - UPEC et Lisaa - UPEM)Pour référer à l’espace concret, on dispose selon les langues de différents types de marqueurs, comme les adverbes déictiques (cf. ici), les prépositions (cf. sur), les particules (cf. away en anglais) les verbes a priori de mouvement (cf. lever) etc. Plusieurs linguistes ont tenté de formaliser le sens de ces marqueurs, notamment les prépositions, en listant les propriétés spatiales qu’ils encodaient. Il apparaît que les formalisations se fondant sur des critères géométriques (Tyler & Evans 2001, Talmy 2002,) ou relatifs à une intuition spatiale (Vandeloise 1986, Lakoff 1987) ne sont pas satisfaisantes : soit elles encodent des données non prises en charge dans la langue, soit elles demeurent trop abstraites pour rendre compte de l’usage effectif d’un marqueur. Par exemple l’emploi de la préposition SUR en français dans une phrase comme “il y a une mouche sur le plafond” est un test montrant la défaillance des formalisations proposées, et qui se fondent sur la thèse de la primauté du spatial. Plusieurs linguistes contemporains remettent en question cette thèse de la primauté du spatial et proposent un traitement de la référence sémantique qui minimise les biais de l’interprétation intuitive. Plus particulièrement, c’est une modélisation topologique qui est proposée déduite d’une démarche hypothético-déductive qui s’appuie sur un corpus d’observables multiples. Dans la première partie de la présentation nous ferons un rappel sur la problématique, puis nous prendrons deux cas précis : * celui de la particule away en anglais et on verra que away est à même d’exprimer deux valeurs a priori contradictoires, l’une exprimant la disparition, l’autre l’intensité – ces deux valeurs a priori opposées sont explicables par un rapport entre les propriétés topologiques spatialisables et des propriétés topologiques relatives à la syntaxe propositionnelle. * celui du verbe lever en français et nous montrerons que contre l’intuition on peut rendre compte de ces usages par un ensemble de propriétés saillantes qui ne sont pas liées à la notion relative de “haut”.